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Graffitis de Ahmed Al Barrak
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  • Sur ce blog je publie des photos de mes travaux : peintures dessins et photographies. Je posterai quelques commentaires sur l'art en général , la peinture et la photo en particulier dans le but d'échanger des points de vue avec ceux qui le désirent.
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30 septembre 2017

ART CONTEMPORAIN : LA POLEMIQUE

 

        ART CONTEMPORAIN :  LA POLEMIQUE

 

 Actuellement l’art contemporain semble exister à travers un discours.  Ce dernier prime sur l’image, sur l’objet.  Généralement hermétique ce discours est  utilisé par ceux qui s’érigent en défenseurs de l’art contemporain, comme un moyen de terrorisme intellectuel contre ceux qui pensent différemment.

On assiste à des vernissages durant lesquels des commissaires d’exposition discourent pendant des heures, en utilisant un vocabulaire pédant, des tournures de phrase alambiquées et des métaphores improbables, pour expliquer et justifier une démarche à laquelle la plupart du temps l’artiste lui- même n’a jamais pensé.

Soyons clairs, cette crise de  l’art contemporain est amplifiée et aggravée par des discours et articles  qui essayent de justifier tout et n’importe quoi au nom de la liberté d’expression et de création.
  Les « élites » s’enthousiasment pour ses créations obscures, très souvent craignant de ne pas être à la page en émettant une réticence face à une œuvre contemporaine.

Les artistes incriminés, sont généralement aisés et aidés par des sponsors, pistonnés et encouragés par certains galeristes et certains marchands d’œuvres, incultes et sans scrupules, guidés par le profit matériel en perspective mais aussi par effet de mode provocatrice et de suivisme.

Ces encouragements poussent certains artistes à chercher à être plus inventifs, plus originaux que les autres, et puisque l’art contemporain permet, selon eux, toute liberté, ils tombent bien souvent dans « le n’importe quoi » délibérément ou inconsciemment.

Cette oligarchie bien-pensante, exclut une grande partie d’artistes rebelles, solitaires qui sont souvent plus intéressants parce que plus intègres, plus sincères et qui échappent à toute classification. Mais ceux- là personne ne s’en préoccupe car ils n’ont pas d’argent et pas de carnet d’adresse, donc pas susceptibles d’offrir aux « intermédiaires »  un bénéfice immédiat.

On conçoit que les artistes contemporains soient libres de travailler   sur ce qu’il y a de plus choquant : l’opportunisme, l’insolence, le cynisme, l’impertinence, l’audace, l’égoïsme, le culot, le déchet, l’abject, le dégoût ou encore le porno…
Mais est-ce possible de faire la différence entre un vrai artiste contemporain et un charlatan ? Le public en a-t-il les moyens ?
Cette crise à quoi est-elle due ?

Dans son traité « Le paradigme de l'art contemporain : Structures d'une révolution artistique »[1] la sociologue Nathalie Heinrich nous parle du triple jeu de l’art contemporain.
D'après la sociologue, trois « paradigmes » ont structuré l'art jusqu'aujourd'hui, le classique, le moderne et le contemporain.

Elle nous explique que beaucoup de malentendus, de disputes et d'incompréhensions proviendraient de cette confusion des paradigmes.

Par exemple, le rejet de l'art contemporain se baserait souvent sur les présupposés de l'art moderne, ce qui ne peut aboutir qu'à des contresens.
De même, les représentants de l'art contemporain font comme si on était encore dans l'art moderne, par exemple quand ils affirment la liberté des artistes face à l'incompréhension des conventions et des institutions, alors que ces dernières leur ouvrent maintenant largement les portes.

Les règles du jeu se définissent ainsi : il s’agit nous dit la sociologue d’un triple jeu qui se passe ainsi :

Transgressions des frontières de l’art par les artistes, réactions négatives du public, intégrations par les spécialistes et les musées.

Depuis les années 50, les limites de la notion d’œuvre d’art n’ont cessé de s’élargir, à la faveur d’un mouvement conflictuel en forme de surenchère, où s’affrontent des paradigmes artistiques inconciliables.

Frontières matérielles du musée, frontières mentales du consensus sur ce qui est ou n’est pas de l’art : c’est en les transgressant que les artistes les révèlent, méthodiquement, et contribuent à les déplacer.

Triple jeu qui fonctionne, selon l'auteur, comme « une partie de main chaude », puisque chaque nouvelle œuvre reconnue appelle une transgression par les suivantes, de nouvelles réactions, et ainsi de suite.
De là aussi l'hermétisme de cet art « hors limite » dont le sens demande à être explicité sans cesse puisqu'il ne repose sur aucun code commun de perception esthétique.

Après cette analyse, la sociologue s'autorise à tenter un diagnostic. Selon elle, on aurait l'omniprésence d'un paradoxe permissif « soyez transgressif », une injonction des institutions publiques adressée aux artistes de toujours chercher de nouvelles transgressions et surenchères. En attendant d'ailleurs d'être quasi dans le même mouvement « récupérées » par ces institutions-mêmes. Comme le « double bind »[2] bien connu en psychiatrie, cette injonction paradoxale rendrait littéralement les artistes fous. Ainsi sont-ils comme ces adolescents immatures qui provoquent et contestent, mais avec le secret espoir de rencontrer un obstacle qui leur résiste.

N. Heinich montre ainsi que l'on peut appliquer au champ de l'art contemporain un modèle inspiré de la sociologie des religions : les artistes sont les prophètes ; les critiques, les galeristes et les conservateurs de musées sont les prêtres, le public constituant les fidèles ou les mécréants.
 Ce système tend à fonctionner en vase clos, puisqu'il faut une

« Conversion du regard » pour y adhérer, ce qui confère notamment aux critiques un rôle essentiel. L'art contemporain n'existe pas sans son exégèse. (Interprétation d'un texte).[3]

Attitude à avoir face à une œuvre quelle qu’elle soit :

Quoi qu’il en soit il faut se méfier des idées préconçues face à une œuvre d'art.   Les à priori causent de nombreux dégâts dans l'élaboration d'un jugement sain. Sont dangereux les jugements de valeurs catégoriques et définitifs du style : c'est nul, c'est génial, c'est sans intérêt, n'importe qui peut faire ça ... ou au contraire « c’est magnifique » … « c’est très intéressant »…
Sachant qu’un travail d’Art Contemporain par essence a besoin de lignes directives données par l'artiste pour être appréhendé par le spectateur, ne s'adressant plus uniquement à l'œil, et au cœur mais à la tête, à l’âme, à la culture, il faut prendre le temps de l'aborder.

Il faut être maitre de soi, se contrôler et apprendre à accepter de voir, de comprendre, écouter et si après ça, aucun déclic ne se fait, on est en droit et libre de dire que ça ne nous touche pas, que le résultat de l'inspiration de l'artiste ne nous convainc pas ou que c’est une œuvre qui ne nous parle pas.
Ou encore que nous avons besoin d’éléments supplémentaires pour nous aider à cerner l’œuvre.
Ou carrément  que nous avons le profond sentiment que c’est du « n’importe quoi », du «  foutage de gueule » et que nous refusons de tomber dans le piège qui consiste à se pâmer de crainte d’être taxé de rétrograde, de conservateur ou d’ignorant.
 La liberté du regard est une conquête sur soi.

Le degré de réceptivité d'un spectateur ne dépend pas d’un jugement final obligatoirement favorable, mais plutôt de cette conquête que nous avons eu sur notre regard pour le garder "ouvert".

 

 

Bibliographie :

  1. Catherine Millet, L'art contemporain en France, Flammarion, 18 novembre 2015
  2. Dominique Château. Qu’est-ce que l’art ? Éditions Le Harmattan, Paris, octobre 2000.
  3. Jean Baudrillard, Le complot de l’art, décembre 2006
  4. Marc Jiménez, Qu’est-ce que l’esthétique (Gallimard-Folio essais, 1997).
  5. Marc JIMENEZ, La Querelle de l’art contemporain. Gallimard, Paris 2005
  6. Michaud Yves, la Crise de l’art contemporain. (PUF, coll. Intervention philosophique, 1997)
  7. MICHAUD, Yves, Critères esthétiques et jugement de goût. Ed. Jacqueline Chambon, 1999
  8. Nathalie Heinich, Pour en finir avec la querelle de l'art contemporain, Éd. L’Échoppe, 2001.
  9. Nathalie Heinrich, Le paradigme de l'art contemporain : Structures d'une révolution artistique. Ed. Gallimard 2014.

10.Nathalie Heinich. L’art contemporain exposé aux rejets, Editions Jacqueline Chambon. 1997.

 



[1] Nathalie Heinrich, Le paradigme de l'art contemporain : Structures d'une révolution artistique. Ed. Gallimard.

[2] Double Bind ou injonction paradoxale. Cela consiste à placer une personne entre deux obligations contradictoires. La double contrainte existe seulement dans une relation d’autorité qui ordonne un choix impossible et qui interdit tout commentaire sur l’absurdité de la situation.

[3]Nathalie Heinrich, Le paradigme de l'art contemporain : Structures d'une révolution artistique. Ed. Gallimard.

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